"Je
sais que lépiscopat est un appel divin, le dernier
peut-être, impétueux et irrésistible, à
ma conversion, qui transformera, comme je lespère,
jusque dans les recoins de mon inconscient, pour créer
lhomme de Dieu que jai désiré être,
sans latteindre, depuis le début de ma jeunesse
désormais lointaine... Sur la crosse, je vois un jeune
arbre de la croix et un signe eschatologique pour marcher devant
les fidèles jusquà ce quils frappent
de leurs extrémités aux portes du cur de
Dieu, lorsque la nuit définitive ferme les chemins du
pèlerinage... Accorde-moi, Seigneur, le don immérité
de ne pas décevoir les espérances de tant de personnes
qui se fient à la petitesse de mes forces, qui, comme
je lespère, peuvent devenir irrésistibles
comme la fronde de David soutenue par la puissance écrasante
de ta Grâce." |
Jesús Emilio
Jaramillo Monsalve est né au sein d'une famille d'artisans,
dont le quotidien est marquée par une certaine précarité.
En 1929, il rejoint l'Institut des missions étrangères
de Yarumal, récemment fondé, afin d'évangéliser
les villages les plus reculés du pays. Ordonné
prêtre le 1er septembre 1940, il devient professeur de
théologie dogmatique au séminaire de son Institut.
Il poursuit ses études, entre 1942 et 1944, tout en étant
l'aumônier d'une prison pour femmes. En 1945, il est chargé
de la formation des prêtres de l'Institut des missions
étrangères de Yarumal, fonction qu'il occupe jusqu'en
1956. En 1959, ses pairs le choissisent comme supérieur
général de l'Institut. De 1967 à 1969, Jesús
Emilio Jaramillo Monsalve travaille à la Conférence
épiscopale de Colombie, notamment sur la place des laïcs
dans l'Église, ainsi qu'à la préparation
de la conférence de Medellín de 1968. Le 11 novembre
1969, le pape Paul VI le nomme évêque et administrateur
apostolique du territoire d'Arauca. Ce territoire fut élevé
au rang de diocèse en 1984 par le pape Jean-Paul II. L'épiscopat
de Mgr Jaramillo Monsalve est marqué par un contexte social
difficile, entre violence et injustice. Préoccupé
par la réalité de ce que vivent les habitants de
son diocèse, il lance de nombreuses initiatives en faveur
des plus pauvres et de la défense des droits des paysans.
Il fonde de nouvelles paroisses, créé l'Institut
Saint Joseph travailleur pour la formation humaine et chrétienne
des paysans et ouvriers, et crée l'Équipe de l'Indien
pour l'évangélisation et l'éducation des
populations indigènes. Gênant pour le régime,
à la fois par ses déclarations et ses uvres,
Jaramillo Monsalve reçoit de nombreuses menaces, intimidations
et diffamations. Il est enlevé le 2 octobre 1989 par des
membres de l'Armée de libération nationale. Le
lendemain, des habitants découvrent sa depouille mutilée
et torturée, et ses insignes épiscopaux tournées
en dérision. |