"Pourquoi se taire ? Pourquoi
le cacher ? Pourquoi ne pas crier au monde entier et publier
aux quatre vents les merveilles de Dieu ? Pourquoi ne pas dire
aux gens et à tous ceux qui veulent l'entendre : voyez-vous
ce que je suis ? Voyez-vous ce que j'ai été ? Voyez-vous
ma misère se traînant dans la boue ? Car peu importe
: émerveillez-vous ; malgré tout ça, je
possède Dieu. Dieu est mon ami ! Dieu m'aime, moi, d'un
tel amour que, si le monde entier le comprenait, toutes les créatures
deviendraient folles et hurleraient de stupeur. Et encore, cela
est peu. Dieu m'aime tellement que même les anges n'y comprennent
rien ! La miséricorde de Dieu est grande ! M'aimer, moi,
être mon ami, mon frère, mon père, mon maître.
Être Dieu, et moi, être ce que je suis ! Ah, mon
Jésus, je n'ai ni papier, ni plume. Que puis-je dire !
Comment ne pas devenir fou ? "
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Rafaël Arnáiz
Barón naquit à Burgos (Espagne) le 9 avril 1911,
dans une famille d'un niveau social élevé et profondément
chrétienne. Il fut baptisé et confirmé à
Burgos et commença ses études au Collège
des Pères Jésuites de cette ville où, en
1919, il fut admis à la première Communion. Au
cours de ces années, il reçut la première
visite de la maladie : des fièvres persistantes dues à
de la colibacillose l'obligèrent à interrompre
ses études. Une fois guéri, son père, en
remerciement de ce qu'il considérait comme une intervention
spéciale de la Vierge Marie, le conduisit, à la
fin de l'été de 1921, à Saragosse, et là,
le consacra à la Vierge del Pilar, fait qui ne manqua
pas de marquer profondément l'esprit de Rafaël. Lorsque
la famille se transféra à Oviedo, il poursuivit
ses études secondaires au Collège local des Pères
Jésuites, obtenant le baccalauréat scientifique,
et s'inscrivit à l'École Supérieure d'Architecture
de Madrid, où il sut harmoniser ses études avec
une fervente et constante vie de prière. D'une intelligence
brillante et éclectique, Raphaël se distinguait aussi
par son sens aigu de l'amitié et par la finesse de ses
traits. Doué d'un caractère heureux et jovial,
sportif, plein de talents pour le dessin et pour la peinture,
il aimait la musique et le théâtre. Mais au fur
et à mesure qu'il grandissait en âge et développait
sa personnalité, grandissait aussi son expérience
spirituelle. Dans son cur bien disposé à
l'écoute, Dieu voulut susciter l'invitation à une
consécration spéciale dans la vie contemplative.
Ayant pris contact avec la Trappe de San Isidro de Duenas, Rafaël
se sentit fortement attiré vers ce qui lui apparaissait
comme le lieu qui correspondrait le mieux à ses désirs
les plus intimes. En décembre 1933, il interrompt subitement
ses cours universitaires, et le 16 janvier 1934, il entre au
monastère de San Isidro. Après les premiers mois
de noviciat et le premier Carême vécus avec enthousiasme,
embrassant les dures austérités de la Trappe, Dieu,
mystérieusement, voulut l'éprouver avec une subite
et pénible infirmité : une forme très grave
de diabète sucré qui l'obligea à abandonner
rapidement le monastère et à retourner dans sa
famille, pour être soigné, par ses parents, d'une
manière adaptée. À peine rétabli,
il rentra à la Trappe, mais la maladie le contraignit
à plusieurs reprises à abandonner le monastère.
Mais chaque fois, il voulut rentrer, répondant fidèlement
et généreusement à un impératif intérieur
qu'il sentait être l'appel de Dieu. Sanctifié par
la joyeuse et héroïque fidélité à
sa vocation, dans l'amoureuse acceptation des projets divins
et du mystère de la Croix, dans la recherche passionnée
de la Face de Dieu, fasciné par la contemplation de l'Absolu,
dans la tendre et filiale dévotion à la Vierge
Marie, il consuma sa vie à l'aube du 26 avril 1938, à
vingt sept ans à peine accomplis, et fut enterré
dans le cimetière du monastère, et ensuite dans
l'église abbatiale. Très rapidement la renommée
de sa sainteté se répandit au-delà des murs
du monastère. Ensemble, le parfum de sa vie et ses nombreux
écrits spirituels continuent à se répandre
et à être recherchés avec grand profit par
ceux qui entrent en contact avec lui. Il a été
défini comme l'un des plus grands mystiques du XXème
siècle. |