  | 
        
        Fils de médecin,
        né en 1920 à Ouessant, troisième de quinze
        enfants, Michel Jaouen a toujours eu le regard tourné
        vers le large. Vers lAngleterre que, avec ses deux frères,
        il tente de rejoindre par la mer dès 1940, à peine
        entré au séminaire des jésuites. Vers la
        Chine, ensuite, où il se destine à partir après
        son ordination en 1951. Après avoir enseigné en
        collège, le breton sera finalement aumônier de la
        prison de Fresnes. Ce contact avec les jeunes « à
        problème », comme on disait alors, bouleverse sa
        vie. Préoccupé par leur réinsertion, il
        crée aussitôt lAumônerie pour la jeunesse
        délinquante (AJD, devenue lAssociation du Jeudi
        Dimanche), dont lobjectif est daider les jeunes à
        leur sortie de prison, puis fait construire le foyer des Épinettes,
        à Paris, pour les accueillir et héberger. Mais
        ce marin dans lâme a surtout lidée dembarquer
        les jeunes en mer : il achète un vieux voilier, le Bel
        Espoir. À partir de 1968, à la demande des autorités,
        il y emmènera des toxicomanes. « Jai beau
        être né à Ouessant, jai toujours été
        plus intéressé par les gens que par la mer ; le
        bateau et locéan ne sont que des outils pour inviter
        les jeunes paumés que jamène à prendre
        leurs responsabilités, à sautonomiser et
        ne pas être assistés », confiant passer un
        tiers de son temps à Paris, un autre tiers en mer, et
        un troisième en Bretagne, dans lAber Wrach,
        là où se trouvent le secrétariat de lassociation
        et le chantier naval du Moulin de lenfer où travaillent
        une vingtaine de jeunes drogués en réinsertion,
        encadrés par cinq animateurs. Et même à Paris,
        il gardait un il sur la position de ses navires, le Bel
        Espoir et Rara Avis, grâce à un écran dordinateur
        installé dans un coin. | 
       
      |